Par François Vercoutère, Délégué général FCSF
Nous ne pouvons que joindre nos voix pour exprimer nos sentiments mêlés de compassion en direction des victimes et de leurs familles et de colère ou d’incompréhension par rapport aux auteurs de cette barbarie.
Cette fois-ci pas de ciblage des victimes. Il ne s’agit pas de se venger de caricatures blasphématoires ou de l’appartenance à une confession religieuse haïe. C’est Madame et Monsieur « tout le monde » qui ont été visés ou tout du moins une certaine façon de vivre ensemble en bonne intelligence dans ces quartiers populaires de Paris.
Par contre, c’est bien la division, la peur, qui sont recherchées.
Notre président de la république a décrété très rapidement l’état d’urgence. C’est sa responsabilité. La sécurité maximum doit être recherchée, bien sûr.
Dans notre domaine de responsabilités nous vous proposons de décréter l’état d’urgence en matière de dialogue et d’ouverture maximum.
Ouvertures exceptionnelles en soirée, en week-end peut être, nous rêvons que les centres sociaux et socioculturels puissent devenir des espaces de résistance actifs face à cette barbarie. Il nous « suffit » pour cela d’être ce que nous sommes : des lieux où dialogue, respect de la dignité humaine, construction de la solidarité de proximité font face au sectarisme, à l’endoctrinement, au manque d’avenir.
Comment, après le temps de compassion pour les victimes, ne pas penser au désespoir d’un jeune de 20 ans qui, en France, trouve une issue attrayante dans la proposition de se faire sauter sur une terrasse de café en plein Paris ?
L’ouverture maximum c’est provoquer le dépassement des frontières, des silences,des absences de contact. C’est aller chercher des populations qui ne nous connaissent pas : habitants d’autres quartiers, familles isolées, milieux socio-économiques peu habitués à fréquenter nos structures, familles religieuses et politiques, syndicats, pour les inviter au débat.
De quoi débattre ? D’abord des questions des participants, de leurs inquiétudes, peut-être de leurs préjugés. Peut-être faut-il aussi interroger nos façons de vivre ensemble, interpeller sur les passerelles, sur les solidarités nécessaires.
Inventer ensemble un territoire…
> où les jeunes trouvent une place d’apprenti, de stagiaire dont ils ont besoin pour poursuivre leurs études parce que le milieu économique local veut bien relever le défi,
> où les associations se renouvellent, se parlent, se bousculent pour entendre ce que les jeunes veulent inventer de nouveau sans les obliger à aller le faire ailleurs par manque d’écoute, de place offerte.
> où le dialogue entre élus locaux et élus associatifs permet de bâtir des actions d’intérêt général riches et transformatrices,
> où la coopération et l’entraide sont les règles à l’école, mais aussi entre associations, ou entre acteurs économiques
> où les loisirs ouvrent au monde et à ses questions plutôt qu’à la découverte de loisirs prêts à consommer,
> où les parents seuls trouvent dans leur voisinage appui et coup de main,
> où les religions créent des espaces de dialogue permanents
> où le croisement de savoirs donnent au plus grand nombre les outils de compréhension de la complexité du monde…
Au vu des sujets proposés l’état d’urgence va devoir durer !