Vivre et vivre-ensemble

Par Jean-Pierre Lévy, président de l’Union des centres sociaux des Bouches-du-Rhône

Face à la barbarie et à l’horreur, nous exprimons notre émotion, notre tristesse, notre refus de la violence, nous clamons notre indignation !

Nous scandons nos valeurs fondatrices -dignité humaine, solidarité, démocratie- inscrites dans la Charte fédérale des centres sociaux et socioculturels de France. Ces valeurs n’ont jamais résonné avec autant de force. Elles nous fondent et nous unissent.

Dignité humaine, solidarité, démocratie, ne sont pas des vains mots.

Chaque jour, les centres sociaux et espaces de vie sociale en poursuivant leur mission, s’attachent à les faire vivre, à promouvoir le vivre-ensemble, à mener des actions de solidarité citoyenne, et construisent ainsi avec les habitants de véritables armes contre la haine.

Les acteurs de notre réseau sont comme autant de remparts contre la terreur, la division, l’affrontement communautaire.

Nous ne cédons pas à la peur, au repli sur soi, et nous appelons à rejoindre toutes les mobilisations actuelles et à venir.

Lettre d’infos adressée aux adhérents

Par Céline Swaczyk, Directrice-adjointe

Suite aux événements tragiques du week-end, il nous semblait juste et digne de saluer la mémoire des victimes et de leurs familles au nom des conseils d’administration du Centre social et culturel Georges Brassens et de la Maison pour tous Victor Jara de Champs-sur-Marne et d’y associer l’ensemble des adhérents :

« Peut-être aurions-nous d’abord besoin d’un moment de silence, d’un moment pour nous taire ensemble, pour nous taire à l’unisson de tous ceux qui craignent que les mots ne soient pas assez forts pour prendre la mesure de l’injure, de la profanation que représentent ces attentats, de la perte de ces vies, de la douleur de leurs proches, de la détresse de ceux qui ne savent pas encore quelle issue attendre pour celles et ceux qu’ils aiment, du malheur de ceux et celles qui ne seront plus jamais les mêmes, certains dans leur corps, toutes et tous dans leur âme après ce vendredi noir. Peut-être aimerions-nous trouver mieux que le langage pour nous assurer que nous ne sommes pas seulement stupéfaits, que nous sommes vraiment, en ces moments, la même humanité. Peut-être que la musique dirait cela, peut-être exprimerait-elle une prière dans laquelle se reconnaîtraient ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas. »
France Culture – Introduction de l’émission Esprit Public – Philippe MEYER

A notre niveau, le Centre social et la Maison pour Tous, à Champs-sur-Marne, oeuvrent tous deux pour défendre les valeurs de dignité humaine, de solidarité et de démocratie inscrites dans la charte nationale des centres sociaux. Notre rôle est de ne pas les abandonner mais continuer au contraire à les affirmer malgré la peur qui est légitime et le chagrin qui est présent : faire se cotoyer des cultures, des langues, des coutumes, des formes, accents, goûts, couleurs, savoirs, lois et rêves ; en somme ce qu’on appelle civilisation, ou forme de vie commune.

Samedi 14 novembre après-midi nous avons fermé nos portes, mais dès lundi nous avons repris nos activités normales et les manifestations ponctuelles prévues fin novembre et en décembre sont maintenues.

Le Centre social et la Maison pour Tous sont vos équipements, ne succombons ni à la peur ni à l’apathie. Ensemble, agissons face à la barbarie à notre petit niveau local : nous, citoyens, devons être attentifs aux discours haineux et stigmatisants dans nos espaces de vie quotidienne pour leur opposer une vision humaniste de la société que nous voulons faire vivre.

Les conseils d’administration et les équipes d’animation
du Centre social et culturel Georges Brassens et de la Maison pour Tous Victor Jara.
77420 Champ-sur-Marne

Un peu de napalme pour éteindre le brasier ?

Par Stéphane Coudret, directeur de centre social

Je n’arrive pas à comprendre cette folie guerrière qui s’est emparée de notre pays.

Bien évidemment je suis atterré par les attentats, le terme qui me semble le mieux convenir à ce que je ressens est d’ailleurs : sidération.
La pensée des victimes, de ces vies brisées, de ces familles qui ne se remettront jamais des disparus ou des traumatismes en est en partie la cause. S’ajoute aussi à cela la conviction pour moi dés Janvier et tout autant aujourd’hui la conviction d’avoir perdu une grande partie de nos libertés. Tout ce pour lequel j’agis depuis des années, qui constitue ma ligne de conduite me semble battu en brèche. Je redoute que mes enfants ne vivent jamais cette insouciance dans laquelle j’ai pu me construire.

L’histoire aurait dû nous éclairer pour refuser le piège tendu : la réponse guerrière. Mais il n’en est rien, et c’est je crois ce qui m’affecte le plus.

A quoi servent les leçons du passé ? Comment ne pas voir que ce que nous vivons aujourd’hui a prospéré sur la guerre en Irak et en Afghanistan et tous les autres conflits qui en ont découlé ?
Comment aujourd’hui encore penser qu’il est juste d’aller bombarder un pays pour détruire de supposées bases militaires à Raqqa ou ailleurs et oublier que de très nombreux civils seront tués au passage, des villes détruites et la haine de ces populations à notre égard exacerbée ? Comment penser que la vie de nos compatriotes tués par des salopards justifie que l’on risque d’aller tuer nous aussi des hommes, des femmes et des enfants qui souffrent eux mêmes de ces mêmes salopards ? (ce qui n’a pas manqué puisque le 14 novembre, à coté des objectifs militaires, un musée , un stade et une clinique ont été détruits !) Comment ne pas voir que cette réaction est une politique de pompier pyromane ?

Comment porter cette parole, cette vision au sein de nos centres sociaux lorsque le chef de l’état se pose en chef de guerre, là où nous aurions besoin d’introspection, de propos mesurés et responsables, appelant à la tolérance ?

On peut dire ce que l’on veut sur les motivations des terroristes : « ce qu’ils n’aiment pas chez nous la culture, notre laïcité, notre liberté etc. » On se fourvoie. Ce qui est recherché c’est une prise de pouvoir. La main mise sur une partie du globe visant un enrichissement personnel, et un asservissement d’une partie de l’humanité au profit d’apprentis dictateurs. Pour cela la voie choisie est la provocation des sociétés occidentales qui en ripostant et frappant les sociétés orientales montent les peuples les uns contre les autres, et ainsi alimentent le recrutement et l’adhésion aux thèses de ceux (Alqaida, EI, Daesh ou autres fous furieux) qui apparaissent alors comme un rempart à cet envahisseur que nous incarnons alors.

Pour conclure, plus que jamais nous devons porter ce message auprès des populations que nous rencontrons. Non la guerre n’est pas inéluctable, c’est même une mauvaise solution. Il est impérieux de lutter contre les discriminations, contre le rejet, et contre ces réalités qui font qu’en France les populations ayant de vagues origines maghrébines ont moins de perspectives que les autres et se prennent des murs constamment. C’est comme cela que l’on retrouvera la paix, et non en opposant nos morts à ceux d’un adversaire que l’on n’arrive même pas à désigner.

Si Nelson Mandela a réussi à ce que son pays ne verse pas dans le sang pour venger les dizaines de milliers de morts et de meurtres commis par les africaners, notre société doit pouvoir réagir avec plus de dignité et de fraternité que ce dont nous faisons preuve ces derniers jours pour déjouer ces manœuvres terroristes.

Message de Jean-Marie Malric, Président du centre social Devèze Arc-en-Ciel à Béziers

Par Jean-Marie Malric, Président Centre Social Devèze Arc-en-Ciel à Béziers, Trésorier de la Fédération Régionale des Centres Sociaux du Languedoc-Roussillon

3 mots pour des MAUX !

LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE !

Nous pouvons y ajouter :

SOLIDARITE, LAÏCITE !

Rester debout et à continuer à vivre.

Message de la Fédération des Deux-Sèvres:

Pleurons seuls si nous ne voulons pas montrer notre émotion,

Pleurons ensemble même si nos gorges trop serrées ne nous permettent pas d’exprimer les mots qui pourraient apaiser,

Mais pleurons car ce n’est pas concevable que nos enfants, nos amis, nos parents, nos voisins ou tout simplement cet inconnu, soient abattus, mutilés au nom de…, au nom de rien !

Les larmes vont inspirer la colère, cela ne peut être autrement. Mais cette colère ne doit pas se transformer en haine mais en énergie, en engagement, en paroles, qui encore une fois devront s’opposer et prendre le dessus de toutes les expressions qui attisent cette haine qu’il faut combattre.

Il est des lieux où nous ne pouvons pas agir, mais de penser que nous sommes impuissants serait la pire des choses.

Restons debout pour que demain encore, nos enfants, nos amis, nos voisins, nos parents, et cet inconnu, puissent continuer à rire, écouter de la musique, être ici ou ailleurs sans être violemment interrompus par un éclair noir suivi d’un silence insoutenable.

Jean-Noël Léridon, délégué

Nous croyons à la solidarité !!!

Par David Simon Président de la fédération des centres sociaux de la Vienne

Parce que nous croyons à la solidarité, à la démocratie et à la dignité, c’est par toutes nos initiatives et nos réactions citoyennes que nous devons affirmer notre forte volonté de vivre ensemble, avec nos différences et notre amour de la liberté.

C’est ensemble que nous devons répondre aux défis que posent une nouvelle fois ces lâches attentats.

Ils ne gagneront pas !

Merci aux acteurs bénévoles et salariés de notre réseau qui déjà s’engagent pour combattre ces peurs,

Merci aux messages d’amitiés de nos voisins Anglais, Grecs, Bulgare qui étaient avec nous il y a quelque jours, et qui comme nous sont solidaires avec les familles des victimes.

 

« C’est l’individu humain qui est la mesure de toute chose »

Par Jacques Pineau, ancien président du Centre social Cordes- Vaour, Président du Réseau Midi Pyrénées des centres sociaux

3 jours de deuil…et pour moi  3 jours d’hébètement, de paralysie de la pensée…
Voir l’impossible, le sang, la souffrance et la mort
Partager l’émotion,  la compassion, la solidarité …
Revisiter nos principes : liberté, égalité, fraternité…
Et tenter de comprendre et là clac !… rupture de la pensée
Comme disait Saint Augustin (354 – 430) :
« À force de tout voir, on finit par tout supporter …
 À force de tout supporter, on finit par tout tolérer …
 À force de tout tolérer, on finit par tout accepter …
 À force de tout accepter, on finit par tout approuver. »
Et mettre des mots sur l’innommable : barbarie, inhumain, folie meurtrière…
Eviter les risques : amalgame, stigmatisation, sociologie de la compréhension…
Appel à la raison, au débat, à la dialectique, à la culture, au vivre ensemble…

Et là crac !… en même temps…
Apprendre  la disparition quasi programmée du Centre social et culturel de Cordes-Vaour, cet espace de vivre ensemble, de projets partagés,
ce lieu de services publics ouverts à tous : lien social, lutte contre les discriminations, accès aux droits, révélateurs de potentialités, ateliers linguistiques, de cuisine, d’informatique…
Fin de la recyclerie, porteuse du chantier d’insertion où l’inclusion sociale, le retour au travail, la réduction  de déchets, la réutilisation,
et la valorisation des objets et des hommes… un projet porté par des habitants … et un territoire…
Ici passer d’une position d’assisté à une position d’acteur prend son sens
Ici aussi des principes : dignité, solidarité, démocratie…
Ici aussi tenter de comprendre pour agir et conserver ce dispositif…
Les mots pour réfléchir existent, les projets sont là ; que manque-t-il ?
… et nouvelle rupture de la pensée …

Et cette phrase de Jean Jaurès :
« C’est l’individu humain qui est la mesure de toute chose »

Message de l’équipe des espaces sociaux et citoyens de Terre-Rouge et du Vieux Cahors (Lot)

L’équipe des espaces sociaux et citoyens de Terre-Rouge et du Vieux Cahors – Lot – Cécile CUMER avec Patricia, Marie, Anne-Laure, Zoher, Valérie et Jean-Jacques

Suite aux attentats de vendredi, j’ai été traversé tout le week-end par ce que je devais faire en tant que responsable de centre social, de ma responsabilité mais aussi de ma légitimité. Et cette réflexion a été partagée par mon équipe avec qui nous nous sommes réunis lundi matin. Que faire? Comment faire? Et avec qui faire? Et, au-delà de notre peine et notre compassion pour les victimes et leur famille, du choc de ces actes barbares, très vite, la peur qui s’est insinuée en nous relevait de l’après, des impacts sur notre société, sur notre capacité à vivre ensemble, de faire lien, de faire société commune convaincus que le centre social avait un rôle à jouer là-dedans de manière humble mais concrète. Mais comment et avec qui? Sans faire pour faire, en laissant le temps, respectueusement. Laisser la parole s’exprimer, l’accompagner et collectivement, trouver nos réponses. Se serrer les coudes aussi.

Alors, pour organiser la minute de silence de lundi, de manière spontanée, j’ai appelé mes collègues de l’école à côté et, Marie, animatrice a joint quelques parents relais dont on savait qu’il récupérait leurs enfants à l’école et qu’ils pourraient en parler à d’autres. Au final, en une petite heure, nous nous sommes retrouvés une bonne cinquantaine à midi, personnel du centre social, enseignants, parents, enfants pour rendre hommage aux victimes et dénoncer ces actes barbares mais également pour réaffirmer qu’à l’échelle de nos quartiers, nous portions les valeurs du vivre ensemble, de la fraternité dans le respect des différences.

Un groupe à l’image de notre quartier, riche de ses différences, de ses diversités et de ses valeurs communes, qui a pu exprimer collectivement sa douleur pour les victimes des attentats et leur famille mais également sa peur de la stigmatisation et des amalgames, poisons du vivre ensemble au quotidien. Un moment fort qui nous fait réaffirmer que nous devons, dans notre structure, renforcer encore notre capacité à construire les ponts permettant le dialogue, l’échange, la connaissance mutuelle. Que nous sommes des lieux permettant à toutes les personnes cherchant des espaces pour dire une conception de la société de demain respectueuse de toutes et de tous, mais également de nos grands principes, de le trouver ici chez nous, chez eux quoi. Trouver ensemble, avec les habitants, les partenaires des idées pour contribuer à construire une société qui serait à la hauteur demain pour nos enfants d’aujourd’hui. Anticiper demain pour construire malgré tout une société où chacun sentira qu’il peut y avoir sa place et où la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité seront encore et toujours nos quatre piliers pour faire société commune. Et puis, rire, partager, se faire plaisir, s’émouvoir, débattre, se retrouver juste pour le plaisir d’un café et de discuter un moment, râler, bref ces choses de la vie qui font aussi un centre social, qui ne sont pas mesurables mais qui, aujourd’hui, 4 jours après les attentats, nous semblent un si précieux trésor ! Et faire la nique aux terroristes et au extrémistes…. Encore et toujours…

Message de l’association des Centres sociaux et culturels de Meyzieu

Par Georges De Bastiani, Christian Bour, Noël Cadoux, Co-présidents

L’association des centres sociaux et culturels de Meyzieu est profondément émue, consternée et indignée par les attentats qui ont été perpétrés ce 13 novembre 2015 en région parisienne.

Aucune idéologie politique ou religieuse ne saurait servir d’alibi pour commettre de tels actes aussi inqualifiables, se moquant aveuglément de la vie.

C’est davantage encore dans ces moments là, aussi douloureux soient-ils, que nous devons porter haut nos valeurs :
DÉMOCRATIE, SOLIDARITÉ, DIGNITÉ HUMAINE.

Car c’est ensemble, avec nos différences, dans le respect des valeurs de la République, que nous pourrons construire et faire Société et non dans la division, l’exclusion et l’imposition
d’une vision totalitaire.

Le 7 janvier 2015, c’est la liberté d’expression qui était attaquée, ce 13 novembre c’est notre liberté tout court.

Toutes nos pensées pour les victimes et leur famille.

Nous sommes tous parisiens
Nous sommes tous français
Nous sommes tous citoyens du monde et de l’humanité.

Communiqué de la Fédération de Moselle

Communiqué de la Fédération des Centres Sociaux de Moselle
suite aux attentats du 13 novembre 2015.

Après les attaques meurtrières du vendredi 13 novembre 15 à Paris et au stade de France qui ont fait 129 morts et plus de 350 blessés, les centres sociaux et socioculturels de Moselle se réveillent sous le choc. Pendant un temps … le Silence.

Bénévoles, salariés du réseau mosellan sont profondément touchés par l’atrocité de l’évènement. Nos premières pensées vont aux victimes, à leurs familles et à leurs proches.

La tentation de la peur et du repli sur soi, est là… présente. Face à la situation qui s’impose à nous, aux habitants, aux 550 bénévoles et salariés du réseau, la Fédération des Centres sociaux et Socioculturels de Moselle refuse l’acceptation, l’indifférence, l’inaction.

Elle entend résolument poursuivre le sens de son action, localement, sur chaque territoire où les centres sociaux sont implantés, faire vivre plus fortement encore ses valeurs de Dignité des personnes, de Démocratie et de Solidarité.
Restons touchés, pour être en mouvement, maintenons dans nos mémoires que le 13 novembre 2015 nous concerne toutes et tous : bénévoles, administrateurs, salariés, collègues, amis, voisins, habitants de tous âges…citoyens de la République.

Nous affirmons l’accompagnement du pouvoir d’agir des personnes localement, au-delà des clivages que quelques uns veulent nous imposer : AGIR
– Pour continuer à préparer un autre projet de société avec les habitants des territoires mosellans,
– Pour promouvoir une vision du Monde où la mixité des parcours de vie, des cultures, des âges est une richesse pour les générations à venir,
– Pour faire barrage aux discours de haine en organisant la rencontre festive, l’échange, la construction du regard critique,
– Pour contribuer à la progression de notre petite et grande Histoire, ici et maintenant avec les compétences que nous détenons.

Le réseau des Centres Sociaux et Socioculturels de Moselle ne donnera pas raison à une pensée obscure, refuse la vision déterministe et met en œuvre, plus fortement encore, sa volonté de participer à l’écriture de belles histoires émancipatrices, qui reconnaissent la capacité des personnes à transformer les choses.

Metz, le 17 novembre 2015.
Le Conseil d’Administration Fédéral.

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