Le jour d’après…

Par Erella Duval, Directrice

Lundi 16 novembre , le centre social ouvre ses portes à 8h30 quelque peu abasourdi par les évènements si terribles du 13 novembre. 
Les premiers apprenants commencent à arriver, puis des usagers du centre…il n’est pas possible de reprendre les cours de français et les activités du centre comme si de rien n’était .
Nous décidons alors de tous nous regrouper pour partager nos émotions, nos questionnements , nos peurs .

Ce qui ressort de ces échanges, c’est la nécessité de mettre des mots sur cette violence, et de libérer les paroles :
En voici quelques extraits
« ce qui est fait ce n’est pas l’Islam , le Coran dit « si tu tues un homme, tu tues l’humanité »
« Moi , aujourd’hui , j’ai très peur »
« il est de notre responsabilité de parler à nos enfants , de transmettre des valeurs de paix, de tolérance »
« toutes nos religions prônent ces valeurs fondamentales d’humanité
« les terroristes ne sont pas des religieux ; ce sont des fous qui détruisent le monde ; le grand problème c’est l’armement, n’importe qui peut acheter des armes sur internet »

C’est également  la volonté de redonner du sens aux mots fraternité, solidarité  et surtout d’éviter l’écueil des amalgames .
Emus et bouleversés mais fiers d’être là tous ensemble , nous avons terminé ce rassemblement  spontané par une minute de silence en hommage aux victimes ,nos mains toutes enlacées.

Message de Daniel Gendrin, Président du centre social de l’Olivier

« Message prononcé au début du «  »repas tous pays » » de jeudi 19 novembre au centre social de l’Olivier (Saint-Priest 69)

… la guerre des mots …
je ne voudrais pas vous couper l’appétit mais l’actualité impose quelques instants de gravité
nous le savons, la France est en guerre, à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de ses frontières
si nous n’avons aucune volonté d’intervenir sur le terrain militaire, nous, adhérents de l’Olivier,
quelle que soit notre origine et religion – ou notre non religion – nous sommes pourtant en première
ligne : ce sont nos enfants, musulmans ou pas, que l’ennemi veut transformer en robots
ces enfants, l’ennemi les attire par des mots
cette guerre, pour partie, se gagnera sur les mots
vous le savez, à l’Olivier, nous avons deux expertises : les mots et le lien social ; depuis toujours
nous parvenons – en particulier par le mot – à promouvoir ce lien social sans lequel notre société,
fragile, se délite et que cherchent à briser ces gens-là
jamais nous n’avions été aussi inspirés : quand nous avons, il y a un an, choisi le mot courage pour
nous guider cette l’année et quand nous nous sommes fixés l’ambition de contribuer à faire des
habitants des citoyens, nous ne savions pas à quel point nous avions raison
nous sommes donc en première ligne et nous allons y rester, parents, éducateurs, animateurs,
direction, bénévoles, administrateurs, nous allons plus que jamais écouter, voir, faire parler et nous
allons aussi parler, dire le bonheur de la vie, même difficile, parce que c’est cela, avant tout, que
nient ces gens-là
cette guerre est menée par des policiers et des militaires ; elle le sera aussi, sur le front des mots –
qui n’est pas moins important – par l’ensemble des adhérents de l’Olivier

nous allons rester en silence un instant puis Alexandra vous présentera le groupe qui nous nourrit
aujourd’hui ; reprendre la fête sera notre premier acte de résistance
je vous invite à vous lever »

Message de l’Association d’habitants du centre social Amédée Mercier à Bourg-en-Bresse

Par Jean-Louis Renaud, président du centre social Amédée Mercier à Bourg-en-Bresse

Oui, nous condamnons ces attentats qui visent notre société en générale et aujourd’hui de manière plus sensible notre jeunesse.
Les gestes « barbares » qui tuent de manière indifférenciée ceux qui ont la malchance de se trouver là au mauvais moment, provoquent en chacun de nous une envie de révolte.
Nous ne pouvons pas rester indifférent à ce drame qualifié de guerre par nos dirigeants.
Au delà du sentiment de révolte qui peut s’exprimer en chacun de nous, nous devons aussi nous interroger sur les circonstances qui ont conduit et qui demain peut être conduiront encore ( malheureusement ) à d’autres drames de ce genre, en France ou ailleurs.
Dans la philosophie des centres sociaux nous devons favoriser l’expression des habitants , de tous les habitants.
Il est temps de prendre à bras le corps cet objectif, pour essayer de construire un avenir plus fraternel; ou l’individualisme et le profit ne soient pas les lignes directrices principales de la gestion de notre (nos) sociétés.
Ayons le souci constant de voir l’être humain éduqué partout dans le monde pour qu’il puisse influencer sur les décisions qui le concerne là où il se trouve.
Peut être ferons nous un petit pas en avant en direction d’un monde plus humain, plus fraternel….
Après Charlie la communauté musulmane risque d’être encore stigmatisée.
Pour elle c’est la double peine.
Il y a d’une part la compassion pour l’horreur
D’autre part ce lourd sentiment de culpabilité, de justification exigée par « l’autre ».
DIALOGUE….Encore DIALOGUE…. Toujours DIALOGUE entre habitants et habitants et pouvoirs publics.

L’Association d’habitants du centre social Amédée Mercier à Bourg-en-Bresse

Lettre d’infos adressée aux adhérents

Par Céline Swaczyk, Directrice-adjointe

Suite aux événements tragiques du week-end, il nous semblait juste et digne de saluer la mémoire des victimes et de leurs familles au nom des conseils d’administration du Centre social et culturel Georges Brassens et de la Maison pour tous Victor Jara de Champs-sur-Marne et d’y associer l’ensemble des adhérents :

« Peut-être aurions-nous d’abord besoin d’un moment de silence, d’un moment pour nous taire ensemble, pour nous taire à l’unisson de tous ceux qui craignent que les mots ne soient pas assez forts pour prendre la mesure de l’injure, de la profanation que représentent ces attentats, de la perte de ces vies, de la douleur de leurs proches, de la détresse de ceux qui ne savent pas encore quelle issue attendre pour celles et ceux qu’ils aiment, du malheur de ceux et celles qui ne seront plus jamais les mêmes, certains dans leur corps, toutes et tous dans leur âme après ce vendredi noir. Peut-être aimerions-nous trouver mieux que le langage pour nous assurer que nous ne sommes pas seulement stupéfaits, que nous sommes vraiment, en ces moments, la même humanité. Peut-être que la musique dirait cela, peut-être exprimerait-elle une prière dans laquelle se reconnaîtraient ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas. »
France Culture – Introduction de l’émission Esprit Public – Philippe MEYER

A notre niveau, le Centre social et la Maison pour Tous, à Champs-sur-Marne, oeuvrent tous deux pour défendre les valeurs de dignité humaine, de solidarité et de démocratie inscrites dans la charte nationale des centres sociaux. Notre rôle est de ne pas les abandonner mais continuer au contraire à les affirmer malgré la peur qui est légitime et le chagrin qui est présent : faire se cotoyer des cultures, des langues, des coutumes, des formes, accents, goûts, couleurs, savoirs, lois et rêves ; en somme ce qu’on appelle civilisation, ou forme de vie commune.

Samedi 14 novembre après-midi nous avons fermé nos portes, mais dès lundi nous avons repris nos activités normales et les manifestations ponctuelles prévues fin novembre et en décembre sont maintenues.

Le Centre social et la Maison pour Tous sont vos équipements, ne succombons ni à la peur ni à l’apathie. Ensemble, agissons face à la barbarie à notre petit niveau local : nous, citoyens, devons être attentifs aux discours haineux et stigmatisants dans nos espaces de vie quotidienne pour leur opposer une vision humaniste de la société que nous voulons faire vivre.

Les conseils d’administration et les équipes d’animation
du Centre social et culturel Georges Brassens et de la Maison pour Tous Victor Jara.
77420 Champ-sur-Marne

Message de l’équipe des espaces sociaux et citoyens de Terre-Rouge et du Vieux Cahors (Lot)

L’équipe des espaces sociaux et citoyens de Terre-Rouge et du Vieux Cahors – Lot – Cécile CUMER avec Patricia, Marie, Anne-Laure, Zoher, Valérie et Jean-Jacques

Suite aux attentats de vendredi, j’ai été traversé tout le week-end par ce que je devais faire en tant que responsable de centre social, de ma responsabilité mais aussi de ma légitimité. Et cette réflexion a été partagée par mon équipe avec qui nous nous sommes réunis lundi matin. Que faire? Comment faire? Et avec qui faire? Et, au-delà de notre peine et notre compassion pour les victimes et leur famille, du choc de ces actes barbares, très vite, la peur qui s’est insinuée en nous relevait de l’après, des impacts sur notre société, sur notre capacité à vivre ensemble, de faire lien, de faire société commune convaincus que le centre social avait un rôle à jouer là-dedans de manière humble mais concrète. Mais comment et avec qui? Sans faire pour faire, en laissant le temps, respectueusement. Laisser la parole s’exprimer, l’accompagner et collectivement, trouver nos réponses. Se serrer les coudes aussi.

Alors, pour organiser la minute de silence de lundi, de manière spontanée, j’ai appelé mes collègues de l’école à côté et, Marie, animatrice a joint quelques parents relais dont on savait qu’il récupérait leurs enfants à l’école et qu’ils pourraient en parler à d’autres. Au final, en une petite heure, nous nous sommes retrouvés une bonne cinquantaine à midi, personnel du centre social, enseignants, parents, enfants pour rendre hommage aux victimes et dénoncer ces actes barbares mais également pour réaffirmer qu’à l’échelle de nos quartiers, nous portions les valeurs du vivre ensemble, de la fraternité dans le respect des différences.

Un groupe à l’image de notre quartier, riche de ses différences, de ses diversités et de ses valeurs communes, qui a pu exprimer collectivement sa douleur pour les victimes des attentats et leur famille mais également sa peur de la stigmatisation et des amalgames, poisons du vivre ensemble au quotidien. Un moment fort qui nous fait réaffirmer que nous devons, dans notre structure, renforcer encore notre capacité à construire les ponts permettant le dialogue, l’échange, la connaissance mutuelle. Que nous sommes des lieux permettant à toutes les personnes cherchant des espaces pour dire une conception de la société de demain respectueuse de toutes et de tous, mais également de nos grands principes, de le trouver ici chez nous, chez eux quoi. Trouver ensemble, avec les habitants, les partenaires des idées pour contribuer à construire une société qui serait à la hauteur demain pour nos enfants d’aujourd’hui. Anticiper demain pour construire malgré tout une société où chacun sentira qu’il peut y avoir sa place et où la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité seront encore et toujours nos quatre piliers pour faire société commune. Et puis, rire, partager, se faire plaisir, s’émouvoir, débattre, se retrouver juste pour le plaisir d’un café et de discuter un moment, râler, bref ces choses de la vie qui font aussi un centre social, qui ne sont pas mesurables mais qui, aujourd’hui, 4 jours après les attentats, nous semblent un si précieux trésor ! Et faire la nique aux terroristes et au extrémistes…. Encore et toujours…

Message de l’association des Centres sociaux et culturels de Meyzieu

Par Georges De Bastiani, Christian Bour, Noël Cadoux, Co-présidents

L’association des centres sociaux et culturels de Meyzieu est profondément émue, consternée et indignée par les attentats qui ont été perpétrés ce 13 novembre 2015 en région parisienne.

Aucune idéologie politique ou religieuse ne saurait servir d’alibi pour commettre de tels actes aussi inqualifiables, se moquant aveuglément de la vie.

C’est davantage encore dans ces moments là, aussi douloureux soient-ils, que nous devons porter haut nos valeurs :
DÉMOCRATIE, SOLIDARITÉ, DIGNITÉ HUMAINE.

Car c’est ensemble, avec nos différences, dans le respect des valeurs de la République, que nous pourrons construire et faire Société et non dans la division, l’exclusion et l’imposition
d’une vision totalitaire.

Le 7 janvier 2015, c’est la liberté d’expression qui était attaquée, ce 13 novembre c’est notre liberté tout court.

Toutes nos pensées pour les victimes et leur famille.

Nous sommes tous parisiens
Nous sommes tous français
Nous sommes tous citoyens du monde et de l’humanité.

Les jours meilleurs sont ceux que nous bâtirons ensemble

Le 16 Novembre, Jean-François Guyo, président de l’Association de Coordination des 3 Centres Sociaux d’Arras a  adressé ce message aux équipes bénévoles et salariés et le texte ci  dessous a été lu en amont des moments de silence:

Dans le respect des valeurs dont procèdent nos centres sociaux, nous nous associons au deuil national et, plus particulièrement nous (marquons) une minute de silence, ce midi, avec l’ensemble du pays. … D’autres actions ne manqueront pas d’être organisées, à notre initiative si nous le décidons

Notre République est en deuil mais elle ne cède pas. Le pays tout entier est en deuil.

Comme le laissaient présager les événements de janvier, notre pays a été attaqué. Il s’agit d’un attentat, commis sur notre sol, d’une ampleur inégalée depuis la dernière guerre mondiale ; un crime odieux commis par une organisation terroriste prétendument islamique.

Le choix du lieu est symbolique : frapper au cœur notre patrie, notre pays en sa capitale.

L’objectif recherché par ces criminels est clair : nous diviser, nous opposer les uns aux autres, semer l’horreur et, partant, la peur et la haine. Face à cet acte injustifiable et monstrueux une seule attitude s’impose : faire front commun, rester durablement unis et résister. Réaffirmer les principes qui fondent notre République : Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité.

Ne pas céder aux appels à la haine et aux guerres religieuses. C’est de l’humanisme universel que nous tirons notre force et notre légitimité ; au nom des droits et devoirs inscrits dans notre Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen et dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Sans distinction de sexe, de nationalité ni de religion.

Les jours meilleurs sont ceux que nous bâtirons ensemble.

 

Que sera demain?

Pierre Oblin, Président du conseil, en ouverture du conseil du Centre Social Torchy – Arras Sud mardi 17 novembre:

Mes amis

Le 11 janvier de cette année, un attentat a semé la terreur dans notre capitale.

Je pensais à l’époque que nous avions atteint le sommet sur l’échelle de l’horreur et de la barbarie. Dans la nuit de vendredi à samedi, j’ai vite compris qu’il y avait sur cette échelle, encore quelques barreaux.

Un mouvement de solidarité, local et national, s’est immédiatement installé. Sur des pancartes on pouvait lire des slogans « Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité ». Certains même criaient à voix haute « Même pas peur ».

Moi, je suis plus lâche, j’ai peur, pas pour moi évidemment, ma vie est derrière moi.
Non, j’ai peur pour nos enfants, nos petits enfants et les générations à venir.

Que sera demain ? De quoi sera-t-il fait ? Beaucoup trop de questions se posent en moi et je n’ai pas de réponse.

Hier à midi, une minute de silence devait être respectée dans tous les lieux publics et les écoles, devant mon poste de télé, j’ai respecté cette directive et je suis certain que la plupart d’entre vous ont participé à ce devoir

Je voudrais, avec vous, partager encore une fois une minute de silence pour rendre hommage aux victimes et aux blessés de ces attentats.
Merci

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