Un peu de napalme pour éteindre le brasier ?

Par Stéphane Coudret, directeur de centre social

Je n’arrive pas à comprendre cette folie guerrière qui s’est emparée de notre pays.

Bien évidemment je suis atterré par les attentats, le terme qui me semble le mieux convenir à ce que je ressens est d’ailleurs : sidération.
La pensée des victimes, de ces vies brisées, de ces familles qui ne se remettront jamais des disparus ou des traumatismes en est en partie la cause. S’ajoute aussi à cela la conviction pour moi dés Janvier et tout autant aujourd’hui la conviction d’avoir perdu une grande partie de nos libertés. Tout ce pour lequel j’agis depuis des années, qui constitue ma ligne de conduite me semble battu en brèche. Je redoute que mes enfants ne vivent jamais cette insouciance dans laquelle j’ai pu me construire.

L’histoire aurait dû nous éclairer pour refuser le piège tendu : la réponse guerrière. Mais il n’en est rien, et c’est je crois ce qui m’affecte le plus.

A quoi servent les leçons du passé ? Comment ne pas voir que ce que nous vivons aujourd’hui a prospéré sur la guerre en Irak et en Afghanistan et tous les autres conflits qui en ont découlé ?
Comment aujourd’hui encore penser qu’il est juste d’aller bombarder un pays pour détruire de supposées bases militaires à Raqqa ou ailleurs et oublier que de très nombreux civils seront tués au passage, des villes détruites et la haine de ces populations à notre égard exacerbée ? Comment penser que la vie de nos compatriotes tués par des salopards justifie que l’on risque d’aller tuer nous aussi des hommes, des femmes et des enfants qui souffrent eux mêmes de ces mêmes salopards ? (ce qui n’a pas manqué puisque le 14 novembre, à coté des objectifs militaires, un musée , un stade et une clinique ont été détruits !) Comment ne pas voir que cette réaction est une politique de pompier pyromane ?

Comment porter cette parole, cette vision au sein de nos centres sociaux lorsque le chef de l’état se pose en chef de guerre, là où nous aurions besoin d’introspection, de propos mesurés et responsables, appelant à la tolérance ?

On peut dire ce que l’on veut sur les motivations des terroristes : « ce qu’ils n’aiment pas chez nous la culture, notre laïcité, notre liberté etc. » On se fourvoie. Ce qui est recherché c’est une prise de pouvoir. La main mise sur une partie du globe visant un enrichissement personnel, et un asservissement d’une partie de l’humanité au profit d’apprentis dictateurs. Pour cela la voie choisie est la provocation des sociétés occidentales qui en ripostant et frappant les sociétés orientales montent les peuples les uns contre les autres, et ainsi alimentent le recrutement et l’adhésion aux thèses de ceux (Alqaida, EI, Daesh ou autres fous furieux) qui apparaissent alors comme un rempart à cet envahisseur que nous incarnons alors.

Pour conclure, plus que jamais nous devons porter ce message auprès des populations que nous rencontrons. Non la guerre n’est pas inéluctable, c’est même une mauvaise solution. Il est impérieux de lutter contre les discriminations, contre le rejet, et contre ces réalités qui font qu’en France les populations ayant de vagues origines maghrébines ont moins de perspectives que les autres et se prennent des murs constamment. C’est comme cela que l’on retrouvera la paix, et non en opposant nos morts à ceux d’un adversaire que l’on n’arrive même pas à désigner.

Si Nelson Mandela a réussi à ce que son pays ne verse pas dans le sang pour venger les dizaines de milliers de morts et de meurtres commis par les africaners, notre société doit pouvoir réagir avec plus de dignité et de fraternité que ce dont nous faisons preuve ces derniers jours pour déjouer ces manœuvres terroristes.

Message de Jean-Marie Malric, Président du centre social Devèze Arc-en-Ciel à Béziers

Par Jean-Marie Malric, Président Centre Social Devèze Arc-en-Ciel à Béziers, Trésorier de la Fédération Régionale des Centres Sociaux du Languedoc-Roussillon

3 mots pour des MAUX !

LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE !

Nous pouvons y ajouter :

SOLIDARITE, LAÏCITE !

Message de l’équipe des espaces sociaux et citoyens de Terre-Rouge et du Vieux Cahors (Lot)

L’équipe des espaces sociaux et citoyens de Terre-Rouge et du Vieux Cahors – Lot – Cécile CUMER avec Patricia, Marie, Anne-Laure, Zoher, Valérie et Jean-Jacques

Suite aux attentats de vendredi, j’ai été traversé tout le week-end par ce que je devais faire en tant que responsable de centre social, de ma responsabilité mais aussi de ma légitimité. Et cette réflexion a été partagée par mon équipe avec qui nous nous sommes réunis lundi matin. Que faire? Comment faire? Et avec qui faire? Et, au-delà de notre peine et notre compassion pour les victimes et leur famille, du choc de ces actes barbares, très vite, la peur qui s’est insinuée en nous relevait de l’après, des impacts sur notre société, sur notre capacité à vivre ensemble, de faire lien, de faire société commune convaincus que le centre social avait un rôle à jouer là-dedans de manière humble mais concrète. Mais comment et avec qui? Sans faire pour faire, en laissant le temps, respectueusement. Laisser la parole s’exprimer, l’accompagner et collectivement, trouver nos réponses. Se serrer les coudes aussi.

Alors, pour organiser la minute de silence de lundi, de manière spontanée, j’ai appelé mes collègues de l’école à côté et, Marie, animatrice a joint quelques parents relais dont on savait qu’il récupérait leurs enfants à l’école et qu’ils pourraient en parler à d’autres. Au final, en une petite heure, nous nous sommes retrouvés une bonne cinquantaine à midi, personnel du centre social, enseignants, parents, enfants pour rendre hommage aux victimes et dénoncer ces actes barbares mais également pour réaffirmer qu’à l’échelle de nos quartiers, nous portions les valeurs du vivre ensemble, de la fraternité dans le respect des différences.

Un groupe à l’image de notre quartier, riche de ses différences, de ses diversités et de ses valeurs communes, qui a pu exprimer collectivement sa douleur pour les victimes des attentats et leur famille mais également sa peur de la stigmatisation et des amalgames, poisons du vivre ensemble au quotidien. Un moment fort qui nous fait réaffirmer que nous devons, dans notre structure, renforcer encore notre capacité à construire les ponts permettant le dialogue, l’échange, la connaissance mutuelle. Que nous sommes des lieux permettant à toutes les personnes cherchant des espaces pour dire une conception de la société de demain respectueuse de toutes et de tous, mais également de nos grands principes, de le trouver ici chez nous, chez eux quoi. Trouver ensemble, avec les habitants, les partenaires des idées pour contribuer à construire une société qui serait à la hauteur demain pour nos enfants d’aujourd’hui. Anticiper demain pour construire malgré tout une société où chacun sentira qu’il peut y avoir sa place et où la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité seront encore et toujours nos quatre piliers pour faire société commune. Et puis, rire, partager, se faire plaisir, s’émouvoir, débattre, se retrouver juste pour le plaisir d’un café et de discuter un moment, râler, bref ces choses de la vie qui font aussi un centre social, qui ne sont pas mesurables mais qui, aujourd’hui, 4 jours après les attentats, nous semblent un si précieux trésor ! Et faire la nique aux terroristes et au extrémistes…. Encore et toujours…

Message de l’association des Centres sociaux et culturels de Meyzieu

Par Georges De Bastiani, Christian Bour, Noël Cadoux, Co-présidents

L’association des centres sociaux et culturels de Meyzieu est profondément émue, consternée et indignée par les attentats qui ont été perpétrés ce 13 novembre 2015 en région parisienne.

Aucune idéologie politique ou religieuse ne saurait servir d’alibi pour commettre de tels actes aussi inqualifiables, se moquant aveuglément de la vie.

C’est davantage encore dans ces moments là, aussi douloureux soient-ils, que nous devons porter haut nos valeurs :
DÉMOCRATIE, SOLIDARITÉ, DIGNITÉ HUMAINE.

Car c’est ensemble, avec nos différences, dans le respect des valeurs de la République, que nous pourrons construire et faire Société et non dans la division, l’exclusion et l’imposition
d’une vision totalitaire.

Le 7 janvier 2015, c’est la liberté d’expression qui était attaquée, ce 13 novembre c’est notre liberté tout court.

Toutes nos pensées pour les victimes et leur famille.

Nous sommes tous parisiens
Nous sommes tous français
Nous sommes tous citoyens du monde et de l’humanité.

Communiqué de la Fédération de Moselle

Communiqué de la Fédération des Centres Sociaux de Moselle
suite aux attentats du 13 novembre 2015.

Après les attaques meurtrières du vendredi 13 novembre 15 à Paris et au stade de France qui ont fait 129 morts et plus de 350 blessés, les centres sociaux et socioculturels de Moselle se réveillent sous le choc. Pendant un temps … le Silence.

Bénévoles, salariés du réseau mosellan sont profondément touchés par l’atrocité de l’évènement. Nos premières pensées vont aux victimes, à leurs familles et à leurs proches.

La tentation de la peur et du repli sur soi, est là… présente. Face à la situation qui s’impose à nous, aux habitants, aux 550 bénévoles et salariés du réseau, la Fédération des Centres sociaux et Socioculturels de Moselle refuse l’acceptation, l’indifférence, l’inaction.

Elle entend résolument poursuivre le sens de son action, localement, sur chaque territoire où les centres sociaux sont implantés, faire vivre plus fortement encore ses valeurs de Dignité des personnes, de Démocratie et de Solidarité.
Restons touchés, pour être en mouvement, maintenons dans nos mémoires que le 13 novembre 2015 nous concerne toutes et tous : bénévoles, administrateurs, salariés, collègues, amis, voisins, habitants de tous âges…citoyens de la République.

Nous affirmons l’accompagnement du pouvoir d’agir des personnes localement, au-delà des clivages que quelques uns veulent nous imposer : AGIR
– Pour continuer à préparer un autre projet de société avec les habitants des territoires mosellans,
– Pour promouvoir une vision du Monde où la mixité des parcours de vie, des cultures, des âges est une richesse pour les générations à venir,
– Pour faire barrage aux discours de haine en organisant la rencontre festive, l’échange, la construction du regard critique,
– Pour contribuer à la progression de notre petite et grande Histoire, ici et maintenant avec les compétences que nous détenons.

Le réseau des Centres Sociaux et Socioculturels de Moselle ne donnera pas raison à une pensée obscure, refuse la vision déterministe et met en œuvre, plus fortement encore, sa volonté de participer à l’écriture de belles histoires émancipatrices, qui reconnaissent la capacité des personnes à transformer les choses.

Metz, le 17 novembre 2015.
Le Conseil d’Administration Fédéral.

Portons nos valeurs avec humilité et dignité.

Marie Hélène Ciszewski, présidente du Centre socioculturel du Neudorf

Nous sommes le 14 novembre lendemain d’une tempête d’inhumanité, il n’y a pas de mots pour expliquer l’insensé, l’incommensurable de ces actes déshumanisants.

Nous nous sommes engagés à porter des valeurs fondatrices :
– la dignité humaine en reconnaissant la liberté de tout homme et de toute femme,
– La solidarité comme conviction de notre capacité à vivre ensemble,
– La démocratie pour permettre le débat et le partage pour une société ouverte.

Au lendemain de cette réalité irréaliste, c’est :
– le temps du silence et du recueillement, le temps de l’écoute, le temps de la réflexion, le temps de la solidarité et de la dignité humaine.
– Le temps de ne pas permettre la stigmatisation, de protéger la liberté de tous, l’égalité de tous et la fraternité avec tous.
– Le temps de l’union, du respect des uns et des autres.

Portons nos valeurs avec humilité et dignité.

En signe de solidarité, je propose de donner à chaque personne venant au centre une bougie signe de solidarité aux victimes, signe de chaleur et d’espoir. Chacun restant libre de l’allumer, de la transmettre.

Lors du prochain conseil d’administration nous observerons une minute de silence et pour ceux qui le souhaitent, nous allumerons une bougie.
Merci pour votre soutien

Contre la barbarie

Par Roger MAUVILLY, Président de la Fédération des centres sociaux et socioculturels du Bas-Rhin

Suite aux attentats du 13 novembre à Paris, la Fédération des centres sociaux du Bas Rhin s’associe à l’émotion collective ressentie par toutes les personnes qui habitent notre pays, nous exprimons aussi toute notre solidarité et notre compassion aux familles directement touchées. Ces attentats visent les valeurs fondamentales de notre républiques et compromettent le vivre ensemble qui est le fondement de nos actions. Rien ne peut justifier de tels crimes. La France et j’espère l’Europe réagiront à ce diktat. Notre fédération condamne fermement ces attentats. Les dérives de nos modèles économiques fragilisent nos démocraties car elles génèrent beaucoup d’inégalités et de pauvretés qui sont le terreau des violences que nous observons. À notre échelle départementale, la minute de silence que nous avons observée ce jour confirme notre devoir de combattre cet obscurantisme, d’aider les familles en difficulté, de résister aux amalgames multiples qui associent le monde musulman et le terrorisme. La mise en œuvre constante de nos projets au service des habitants, la valorisation des plus-values qui s’en dégagent, et notre volonté de développer l’action collective est le meilleur rempart que nous pouvons offrir dans ce combat permanent pour la défense de nos valeurs républicaines.

Assassins

Par Michel et Bernadette Magnat

Restons debout et fiers d’être Français. Ils veulent nous diviser, nous opposer entre Chrétiens et Musulmans : réagissons. Méfions-nous des amalgames.

Michel

Je redis : LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ. Je souhaite le respect de nos valeurs, de notre culture, de nos différences qui sont une richesse. Amitié et affection à toutes ces familles en deuil.

Bernadette

Douleurs intimes

Par Michaël Napoli

Parce qu’elle éveille des émotions singulières, une douleur est d’abord intime. Aujourd’hui se croisent des millions de douleurs intimes… Croisons les encore et encore, pour que la colère ne devienne haine, pour que la rage ne devienne violence, pour que les silences ne deviennent oublis… Pour donner la chance à nos enfants de ne jamais vivre cela. Pour espérer qu’ils ne le connaissent qu’à travers les livres d’histoires. Le monde peut être injuste… Il peut aussi aussi être injuste et barbare… Au pire, essayons de répondre par le meilleur…

Nos coeurs sont déchirés

Par Claudie Miller, présidente de la FCSF

Nos coeurs sont déchirés entre rage et compassion.

La compassion pour les victimes, leurs familles, leurs amis, leurs proches, pour tous ceux qui ont subi vendredi soir la violence aveugle et sauvage d’assassins fanatiques.

Le respect de leurs douleurs appelle silence, recueillement, dignité, solidarité.

Mais déjà ce silence bruisse de nos envie d’agir, de nous mobiliser, de combattre la haine et la barbarie.

Nous avons la « rage au coeur. » La volonté affirmée de résister à la peur des autres, au repli sur soi, à la stigmatisation, à l’injustice.

C’est chaque jour que les centres sociaux s’engagent et agissent pour tisser du lien, là ou d’autres cultivent les divisions.

C’est chaque jour qu’ils accueillent, accompagnent, valorisent la diversité, inventent du vivre ensemble.

Notre avenir à tous, si nous le voulons fraternel, est collectif. Il passe par la rencontre, l’échange, le débat.

Chacun peut s’engager plus au service de tous.

Nos élus, nos édiles doivent nous rejoindrent, réassurer la confiance que nous devons leur faire pour porter haut et fort nos valeurs républicaines.

Nos portes doivent être ouvertes en grand, nos projets connus de tous et défendus, nos choix affirmés : la meilleure éducation pour tous, le droit à l’expression, à la culture, à l’information.

Nous aimons la convivialité, les fêtes, les repas partagées, les rencontres, la joie : que cela soit la marque de nos « fabriques des possibles » que sont les centres sociaux.

Que cette joie collective d’être ensemble, unis et responsables, soit le bouclier que nous dressons contre la barbarie.

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